jeudi 23 janvier 2020

Émerger, revenir à la rive : Incendie du jour.

"L'enfer est pavé de bonnes circonstances", dit Hermile Lebel dans la scène d'ouverture d'Incendies de Wajdi Mouawad. 

Et il y en a des circonstances, accumulée sur les heures, qui me tiennent éloignée des carnets et claviers. D'indicibles beautés. Des jours tranquilles. Des joies. Des vacheries. 
Je cherchais donc depuis longtemps comment revenir sur cette rive là, comment ne pas disperser mes nerfs autour du pot, comment ne pas égarer la fibre dans l'herbe du jardin ou les poils du lapin. Je me demandais surtout comment faire pour plonger la main, à tâton, dans l'immensité de l'encre ou du clavier, puis retourner à notre vie en commun. Comment faire la navette, comment ne pas m'embrouillarder, d'un monde à l'autre, comment ouvrir en grand chaque espace sans faire claquer l'autre. 

Tout a pas mal tourné, parfois en sous-marin. Mais cela semble émerger, enfin. Comme souvent, tout tourne longtemps à l'intérieur et puis une succession de pichenettes (un spectacle un morceau de musique, un film, une expression...) me poussent au bord de l'eau, et redonnent l'envie de plonger voir ce qu'il y a, au fond. 

Je vous épargne la liste de toutes les dernières pichenettes, mais je veux en évoquer une, importante : les écrits d'Amélie : les fondus quotidiens pendant un an, le défi "90 jours de contenus", son courrier hebdomadaire... On a déjà parlé, plusieurs fois, de ces rendez-vous que l'on fixe, de la place qu'on accorde à l'écriture, mais rien depuis les brèves quotidiennes du début ne parvenait à me rendre un rythme. Mais Amélie sait faire éclore les écritures (elle s'en est fait un très beau métier) et ses idées donnent une forme, possible, au retour de l'exercice. (plusieurs liens dans ce paragraphe pour aller voir ce qu'elle fait). 

Et puis, en reprenant Incendies de Mouawad pour le boulot, c'est venu. Un projet qui me tienne, un temps à battre chaque jour, pour l'écriture. 

Un poème fondu par jour, issu d'une scène d'Incendies

Un poème fondu, quoi donc que c'est ? 
"Le poème fondu consiste à tirer, d’un poème donné, un autre poème plus court, par exemple d’un sonnet, un haïku. On ne doit pas employer dans le haïku d’autres mots que ceux qui sont dans le sonnet, et on ne doit pas les employer plus souvent qu’ils ne le sont dans le sonnet." 
C'est une contrainte de Michelle Grandgaud de l'OULIPO

Alors c'est parti pour "L'incendie du jour"

2 commentaires:

  1. Pas facile de concilier toutes les vies qu'on vit, de les juxtaposer ou de les entremêler...
    Écrire quand on vit à deux, ce n'est pas la même chose que quand on vit seul par ce que le temps n'a pas la même plasticité à deux que seul...
    Et il y a le boulot, et les amis et, je ne te raconte même pas quand il y a un môme...
    Le résultat, c'est des années où tu n'écris que dans ta tête... Les plus belles choses que tu n'as jamais écrit peut-être ! Et puis, c'est comme l'eau qui s'infiltre sous terre, un jour, ça ressort en cascade... Viennent d'autres périodes de sécheresse et d'autres déluges. Parfois un congé maladie, une pause dans la course folle de la vie, parfois, tu ne sais pas pourquoi mais c'est plus fort que toi...
    Tu vivras encore des sécheresses et des déluges, indissociables et nécessaires tout autant à la vie qu'à l'écriture.
    Bisous...

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  2. Mais !!!
    Tellement bien, l'incendie du jour !
    <3 évidemment.

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