jeudi 30 juin 2016

#100 - Une bribe de Po la pleine

Longtemps, porter le corset pour se tenir bien.
Sentir peu à peu que la peau suffit pour se tenir bien.

Recoudre celle qui, dans la voiture, derrière toute la ferraille, a toutes les audaces, et celle qui, à découvert, dans la nudité des plaines, se recroqueville derrière des nerfs et des replis de chair.
Et toutes les autres.


Derrières les pores, siffloter dans l'appeau. Accourir.

mercredi 29 juin 2016

#99 - Une bribe dans la solitude des chants de supporters

Ca monte, cette chose là. Des cris et des chants prennent la rue et les tympans.
Ca monte dans la poitrine et dans la gorge.
Ca sautille d'une corde à l'autre, ça vocalise et ça amuse.
D'abord entraînant, on se laisse tirer par la manche.
Dans les pupilles, il y a le vert d'un autre temps.
Autour du verre, la main tenant
Curiosité, étranges coutumes, étranges vies, échanges de voix.

Et puis ça passe, ça se casse.
Et ça rappelle qu'on n'est pas de là non plus.
Toujours en dehors du cercle hurlant
Usurpation ! Hypocrisie !
La place encore en suspension
Les pieds en plein sur l'horion.

Autour, on lâche les corps, on délie les conventions.
Dedans, ça se rétracte, ça rapetisse
Le grand corset de fatigue tient ses lacets
Presse la poitrine  - Nimbostratus
Le canal bave sur les champs de coquelicots.
Pommettes, calicot.

Sortir les poumons de la mêlée,
Allez, allez,
Tu finiras par trouver
Allez,
Lève-toi,
Combat-le
Ce grand fracas, et l'ennui qui éteint tes épaules
Sans bruit, extirpe ton souffle et ta voix
Il reste des pavés pour faire briller ce qui se précipite sur les joues et les doigts
Jusqu'à la quiétude chérie qui t'attend à la porte.
Ne forcer personne, à commencer par soi
Allez, va
Vers cette solitude qui n'appartient qu'à toi.

Tu rafistoleras le souffle
Dans la solitude des bris de chansons.

vendredi 17 juin 2016

#98 - Une bribe des ciels

Trente-six cieux pas toujours bleus, pays pas imbécile où si souvent il pleut. A battre la campagne, abattue ou joyeuse, on voit les ciels se chasser, se poursuivre, se rendre, s'accoler ; On voit les orages illuminés, l'azur interminable, les nuages suspendus au sèche-linge, et les chagrins diluviens crachant sur la fenêtre. Et quand la nuit tombe sur l'étang constellé de moustiques, voilà un ciel moelleux, et confortable pour reposer ses yeux. 
Des cieux en bataille rangée, à pousser pour le règne. La journée de tournoi pour savoir quel ciel nous reviendra demain, tout fier d'être couronné de jour. 
Trente-six cieux et des poussières, sur les chemins. 

mercredi 15 juin 2016

#97 - Une bribe de fiction

"Lasse-moi sortir de là". 

Supplique dans les yeux du lecteur. De la lectrice. 
Lector, lectrix in fabula. Je n'a pas lu Eco, mais cela viendra. 
En attendant, je veux que l'on me berce, qu'on me porte sur son dos, et qu'on m'achemine ailleurs, un pas après l'autre. Je compte sur les livres. Les films et les séries, aussi. Fictions. Dans toutes leurs formes, leurs déformations. 

Il y a des périodes où la laideur succède à la laideur, où le point d'interrogation s'insinue derrière les pensées les plus simples, créant quelques gouffres et quelques chutes d'eau, où le monde ne cesse de s'abattre avec fracas contre les rochers. Pas le temps de reprendre son souffle. Et sans air, même la colère s'asphyxie. 

"Montre-moi autre chose."

Un espace. Un possible. Une beauté . Même la douleur et même les cris. Mais quelque chose qui réponde ou qui résonne. Alter-native. 


Miroir, mon cher miroir, je ne te promènerai pas le long des chemins, je ne serai pas la plus belle en ce pays.   Je te traverserai, cette fois, pour aller à la source des poésies que tu renvoies et des mondes que tu projettes sur les murs de la grotte. J'irai volontairement m'oublier dans les plis de tes songes, dans les revers du lit. Juste un instant. Juste un jour. Reprendre des forces. 

Et puis je reviendrai, soyez-en sûr, dans le monde. 
Avec toute ma colère, toute ma tendresse, ma peau rugueuse et mes bras nus. Je serai dans le monde plus que jamais, Avec la paume et les poings. 

Et on saura de quel papier nous nous chauffons. 

jeudi 9 juin 2016

#96 - Une bribe de Mille Bornes

Mille Bornes

Un jeu que j'aimais bien gamine.

Un jeu auquel j'ai continué à jouer adulte, derrière un volant. Faire des bornes. Un, deux, trois, seize, vingt-quatre, cinquante-trois, soixante-quinze, trois cent quarante-huit, six cent trente-cinq. 
                                             
                                                       Mille. 

Ca confère à la gloutonnerie, cette manière d'avaler les routes. 
De prendre la voiture, parfois, plutôt que le train (tout en se tapant sur les doigts et en disant "pas bien !") (et alors même que j'aime le train).
De se lécher les doigts pleins de forêts, de vallons, de buissons, de champs, de villes labyrinthiques, de villages désertés, de gris dégueulasses et de gris merveilleux, de tôle à zone industrielle et de bois odorants de corbeaux veilleurs de jours, à la lisière des mondes, de plaines ennuyeuses, de prés couturés, de chemins escarpés, d'épingles à cheveux entre les  boucles de verdure, de rocs, de bitume, de gens inconnus, de feux qui changent de couleur, et qui se démultiplient par terre quand il pleut, de ponts sous lesquels on n'aura pas à dormir, de lampadaires à la lumière plus ou moins jaune, plus ou moins blanche, d'étoiles, de nuits sans lune, de pluies incessantes, de bourrasques brutales, de phares qui brulent les yeux et de noir sans fin. 
Etre satisfaite, mais jamais repue pour longtemps.  

Et là, bam. bada-brrr. Crissement des nerfs, traînée d'huile de moteur. 
On m'envoie là bas. Loin. Dans un nouveau bahut pour un temps de rien. Là-bas au bout de cette route que j'aime. Dans une ville que j'aime sans y aller souvent. Une de ces villes ni tout près, ni trop loin, où on peut se permettre d'aller avec T&A un dimanche, pour la balade. Où on peut se diriger, sur la fin de journée, tester l’acoustique du théâtre avec Cha. Où j'ai pu aller me cacher dans l'inconnu quand l'anonymat des rues me manquait aux débuts de la vie par ici. 

Il faut se lever tôt, il faut attendre des heures entre les cours. Il faut revenir, ensuite. 
La route est toujours belle. Mais elle est bordée de la nécessité d'arriver à temps. Obscurcie par les pensées relatives à la vie scolaire. Ses rues seront peuplées d'anciens élèves. J'ai perdu contre les talus l'anonymat qui me permettait de ne pas me demander à chaque silhouette d'ado s'il s'agissait d'une tête connue. Perdu l'insouciance aventureuse de cette route qui me faisait départ, du phare de ces lieux qu'on garde pour l'exception, cachés au milieu des branchages. 

Les Mille Bornes ne sont plus un jeu. Et j'attends avec impatience que le temps passe sur cette fin d'année, comme un nain jaune barbu, comme un Loup Garou et qu'il me réapprenne à jouer. 

lundi 6 juin 2016

#95 - Une bribe de vert(s)

Vert      sous la lumière du printemps, sur la soie qui cascade des forêts de l'origine
             à Choux
             limonade - basilic à siroter en foulant de nos mots l'herbe de nos jardins
             Vérone
             forêt de marionnette à venir autour de ses mains
             de colère parfois
             jardin éphémère, collectif, partagé, libre

Vers     de Gaston Miron sans cesse au bord des lèvres

Verres  de vin autour de la table

Vair     douceur des journées sans pantoufles

            A se promener

Vers