lundi 27 janvier 2020

27.01.2020 Incendie du jour : Mais moi toujours j'aurai un enfant au fond de ma tête

5.

A l'oreille
te dire
une brûlure, un océan,
un gouffre
les injures des oiseaux
la nuit
et l'aube sauvage dans le brouillard

Te le dire avec
tête
bras
coeur
visage
ventre
bouche

C'est un vertige
les mots qui vont sortir de la forêt.

Et je lasse le silence, éclaté,
sur le rocher,
pour que les arbres l'entendent.

26.01.2020 Incendie du jour : Entre 1 et l'infini

4.

Mère
Père
Frère

Un tracé enveloppe le polygone où j'ai ma place.

Un autre point existe
au loin.
Le point qu'elle occupe
dans le polygone
ne se voit pas.

Il faut me résoudre à la vie,
agir.

samedi 25 janvier 2020

25.01.2020 Incendie du jour : Et frappe !

3.

"Vous vous acharnez
dans votre combat insoluble,
inutile."
"C'est pas comme ça que tu vas gagner"
répéteront les gens
qui ont pour but d'arriver
à une réponse stricte.

La question qui vous occupe est épuisante ;
cela, précisément,
l’impossibilité de résoudre le problème,
la solitude.
Une manière de taire l'instant.

24.01.2020 Incendie du jour : Contre la terre

2.

Fille
je ne vais pas pleurer.

Contre la pierre
l'eau crisse.
Elle a gravé ses volontés,
une affabulation capable de répondre au jour.

Je ne vais pas oublier
l'ai vivant,
le visage écorce et sa promesse.

Il est l'heure d'accorder les couteaux.

jeudi 23 janvier 2020

23.01.20 Incendie du jour : Enfin, c'est un passage !

1.

Entrez
avant que ça éclate.

Étrange mauvais temps.
On voit un oiseau dans le passage,
les autres sont partis.

La mer n'a pas de parole
Et un oiseau, ça tombe bien.

Entrez, entrez, entrez.

Qu'il pleuve
(ça viendra)
et je vous raconte.

Émerger, revenir à la rive : Incendie du jour.

"L'enfer est pavé de bonnes circonstances", dit Hermile Lebel dans la scène d'ouverture d'Incendies de Wajdi Mouawad. 

Et il y en a des circonstances, accumulée sur les heures, qui me tiennent éloignée des carnets et claviers. D'indicibles beautés. Des jours tranquilles. Des joies. Des vacheries. 
Je cherchais donc depuis longtemps comment revenir sur cette rive là, comment ne pas disperser mes nerfs autour du pot, comment ne pas égarer la fibre dans l'herbe du jardin ou les poils du lapin. Je me demandais surtout comment faire pour plonger la main, à tâton, dans l'immensité de l'encre ou du clavier, puis retourner à notre vie en commun. Comment faire la navette, comment ne pas m'embrouillarder, d'un monde à l'autre, comment ouvrir en grand chaque espace sans faire claquer l'autre. 

Tout a pas mal tourné, parfois en sous-marin. Mais cela semble émerger, enfin. Comme souvent, tout tourne longtemps à l'intérieur et puis une succession de pichenettes (un spectacle un morceau de musique, un film, une expression...) me poussent au bord de l'eau, et redonnent l'envie de plonger voir ce qu'il y a, au fond. 

Je vous épargne la liste de toutes les dernières pichenettes, mais je veux en évoquer une, importante : les écrits d'Amélie : les fondus quotidiens pendant un an, le défi "90 jours de contenus", son courrier hebdomadaire... On a déjà parlé, plusieurs fois, de ces rendez-vous que l'on fixe, de la place qu'on accorde à l'écriture, mais rien depuis les brèves quotidiennes du début ne parvenait à me rendre un rythme. Mais Amélie sait faire éclore les écritures (elle s'en est fait un très beau métier) et ses idées donnent une forme, possible, au retour de l'exercice. (plusieurs liens dans ce paragraphe pour aller voir ce qu'elle fait). 

Et puis, en reprenant Incendies de Mouawad pour le boulot, c'est venu. Un projet qui me tienne, un temps à battre chaque jour, pour l'écriture. 

Un poème fondu par jour, issu d'une scène d'Incendies

Un poème fondu, quoi donc que c'est ? 
"Le poème fondu consiste à tirer, d’un poème donné, un autre poème plus court, par exemple d’un sonnet, un haïku. On ne doit pas employer dans le haïku d’autres mots que ceux qui sont dans le sonnet, et on ne doit pas les employer plus souvent qu’ils ne le sont dans le sonnet." 
C'est une contrainte de Michelle Grandgaud de l'OULIPO

Alors c'est parti pour "L'incendie du jour"

mercredi 22 janvier 2020

#186 - Une bribe de retour

Un soir, ça revient. Entre un émerveillement et une colère, une bouffée d'air, semblable à celle qu'on prend après les années. Un coup de vent assez fort pour se réveiller, se pousser à reprendre la peau de louve. A faire du vide.
Il va falloir réapprendre à vivre. A vivre complètement, sans suspendre son souffle ou ses pas. Sans se soucier. Tout court.
Pas sûre que j'ai jamais su faire. Mais j'apprenais, et il faut retrouver le fil.
Je crois que ça commence dans le carnet jaune, une nuit de tempête.