jeudi 8 juin 2017

#133 - Une bribe de plantes à pieds

Je plante des trucs, je pose des pieds en terre, je les pousse à pousser.
Je les rempote, tranquillement, et m'en sens plus agile.

Je plante des trucs, et c'est un peu mes pieds que j'enracine. Mes plantes que je repose à la ville.

#132 - Une bribe de sous-marin

Parfois, il y a comme un sonar au bout du nez. La tête dans le plexiglas fend les eaux troubles. Mais l'alliage en titane est éraflé, et le propulseur tout gêné. 
On vit du dessous, à travers l'eau et la vitre, recouvert de cette épaisseur superflue. L'air a cette odeur de renfermé. Il faut alors se laisser traverser les jour, casque aux oreilles, les mains collées aux copies et au clavier. 
En sous-marin. 
Jusqu'à retrouver le mode d'emploi : il suffit alors de remonter, de se dé-corseter d'ouvrir grand les yeux et les poumons, et de laisser venir les milliards de micro-sensations qui fourmillent et rappellent à la terre ferme. 

Ce qui change avec le temps, c'est qu'il y a maintenant toujours la certitude de retrouver l'air, à un moment ou à autre, et la conscience qu'il ne sert à rien de s'épuiser les poings contre la paroi ou les yeux à chercher un chemin. On retrouvera la route à l'instinct. 
On reviendra, un peu plus vivant à chaque fois. 

Semaines en sous-marin, mais je suis en route, je reviens. 

lundi 5 juin 2017

#131 - Une bribe de souris

L'Homonyme et moi, on est là, armées d'un balai, à ouvrir le placard, précautionneusement, à en retirer les boites et les bidons.

Dix ans plus tôt, la capuche rabattue sur le nez, je traversai la place en pleine nuit pour trouver I. empapillotée dans un drap et le balai à la main, à scruter le plafond. 

Cinq ans plus tard, il y avait un grand cri au sortir de la douche, et les jours suivants à remplir le vieil appartement de pièges et de poison avec Sandilla. 


Deux villes, quatre ou cinq vies d'écart. Des amies. Des souris (chauves, parfois) et des femmes.


samedi 3 juin 2017

#130 - Une bribe des derniers mois

Tout a filé, sous les doigts, comme une ligne emportée par un très gros poisson.

Je ne suis plus vraiment sûre que ce soit la vie qui ait battu son plein. Plutôt le quotidien qui m'a battue à plate couture. Mais je commence à voir la surface, et ma tête sort de l'eau, bientôt.