jeudi 3 novembre 2016

#118 - Une bribe d'aveuglement

Il y avait le bruit de la peau qui claque, autour. Les sons sourds de l'intérieur. Badoum. Badoum. Le corps tiré de l'ombre par le nom, le nom d'ici que j'ai donné, comme une couverture de survie. La lumière est trop forte et les gens sont derrière, invisibles. Badoum badoum. Rester polie, dire bonsoir, se présenter. "Bonsoir. On m'appelle parfois Félixe Blizar". Et puis, il faut faut y aller. Lancer le souffle comme une corde à ne pas lâcher, même si le carnet orange me gêne, même si des vagues de mots me ramènent parfois trop près du micro. La lumière est trop forte, pas le temps de s'y habituer, les gens sont toujours derrière, invisible, et c'est difficile de sentir ce qu'ils renvoient. Il faut continuer, tenir la corde, pour que tout soit tendu, de bout en bout, jusqu'à ce que le souffle soit coupé. 

Badoum. 

Retourner avec les gens, derrière la lumière. Ne pas savoir. Le pote improbable d'un soir, une tape sur l'épaule. "Alors, t'as vu, hein, tu y es allé. T'as posé. Et demain en te réveillant, pfioouuuuuu, tu vas te dire ce que j'ai fait, c'est un truc de fouuuuuu." 

Ne pas savoir. Mais avoir osé, à voix haute et presque claire. 

"Bonsoir. On m'appelle parfois Félixe Blizar."

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