vendredi 30 septembre 2016

#114 - Une bribe de fin de semaine

Il y a le week-end où s'enchaînent un concert à la guitare avec des mises en musique de poèmes d'Emily Dickinson, un set électro dans un appartement et un concert de baroque en abbatiale. Le même week-end, je décline l'invitation au bal dans un port industriel, parce qu'il n'y a pas assez de soir et toujours pas de don d'ubiquité.



#113 - Une bribe baroque


Ça va bientôt commencer. Mais ce n'est pas si grave, c'est numéroté.

Et F. a réservé des places tellement près qu'on entend le chef d'orchestre inspirer. On rajeunit la moyenne des cinq rangées autour. Au bas mot.

C'est beau vraiment. La musique, les voix. Tout ce qui a été arrangé pendant des années et qui se joue, juste là, comme si c'était évident.
C'est beau. Nous sommes venus pour cela mais ça attrape quand même, la beauté. Cela perle.
L'amusement, lui, pose ses mains derrière mon cou, et me surprend. Il y a le décorum, le ténor qui ressemble à un cartoon, la gestuelle du chef d'orchestre, et le livret dingue qu'on se montre en riant sous cape. L'automne, un chinois, l'hymen et les singes qu'on imagine en train de danser.

Quand la soprane se plante, on fronce un peu le visage, par empathie. La gêne perce derrière la dignité et la tenue. Et on sourit plus grand quand elle termine par des envolées qui font passer les oiseaux pour des pachydermes.

Je crois que c'est ce que j'aime dans le baroque, ce foisonnement, ces assortiments étranges qui côtoient l'harmonie, le côté guindé de la musique de Cour et la perfection des voix.

samedi 24 septembre 2016

#112 - Une bribe d'inspiration

Ce truc des gens qui s'éclairent soudain quand ils font ce qu'ils aiment, vous savez... Un peu cliché ? Vous auriez du voir son visage quand elle s'est mise à chanter et que ça perçait tout, des chaussures à lacets orange au regard ébouriffé. 

Ce truc des gens qui ont du talent et qui donnent envie de continuer à bricoler des mots, des notes, des lignes, des couleurs, vous savez... Un peu cliché ? Vous auriez dû sentir ce que ça faisait, ces voix et ces rythmes, ces poèmes d'Emily Dickinson mis en musique et ces textes sur le silence. Cette envie de nuits blanches à écrire et à raturer. Ce désir de chanter. 

dimanche 18 septembre 2016

#111 - Une bribe du glaçon

Quelques lignes rieuses, griffonnées il y a quelques mois, pour le plaisir du jeu, sans savoir qu'en faire. Les retrouver ce soir après avoir commencé une histoire de glaçon et de pôles, qui n'a pas grand chose à voir. Ou peut-être que si. Que c'est juste une histoire de glaçon qui a mûri. 

Pas besoin de me frigorifier, mon glaçon
Tout est déjà engourdi

Pas besoin de me congeler, mon glaçon,
Cela fait un moment que je suis refroidie

Pas besoin de me congédier, mon glaçon
J'ai déjà la main sur la poignée. 

jeudi 15 septembre 2016

#110 - Une bribe de feuilleté

En roulant dans la ville ce jour là, une étrange sensation -  était-ce dû la fatigue ou l'émotion?  - envahit l'habitacle. 

Dans la rue derrière moi, les innombrables visites à l'appartement de S.,  se superposaient soudain  des fêtes, aux soirs à parler, des jours de vote, aux fou-rires inextinguibles. Et même la grande chasse au trésor.

Et puis, ce fût toute la ville qui m'apparût, recouverte de couches colorées d'époques et de gens différents. Les quais, ceux des trajets quotidiens vers l'université, ceux des après-midi inombrables à discuter, ceux des soirées d'été. 
De l'autre côté du fleuve, nos déambulations de lycéennes avec Celar. Les retrouvailles avec Krisp lors d'une fête de la musique sous la pluie, et des années plus tard, dans le café librairie au soleil. L'appartement partagé avec C., à se taper trois fois aux portes, et à essayer d'apprivoiser le silence. Le même mais pas tout à fait avec Booh les petits plats, les épisodes de Friends et les discussions sur le canapé. 

A côté, l'appartement d'Aube, où manger en parlant de ce CAPES qu'il fallait préparer. Et le restau vietnamien, et le restau indien, avec la Coloquinte, après dix mille pas. Avec Bouh. Et les choses qu'on s'y est confiées à petits pas. 

Devant, sur l'avenue, il y a la place arborée, et la vie avec A. quand on se racontait les rêves de la nuit ou les aventures de la journée assises dans le couloir. 

Tout le reste. Et jusqu'à l'autoroute. Les moments, les gens, les sensations. 
Le battement quand j'empruntais une voiture pour aller prendre des cours d'accordéon, et le poids sur le dos quand il fallait enchaîner la marche, le métro le tram et le bus pour y arriver. L'impression de calme quand on arrivait dans le studio de Schway. Et les quelques cours donnés à côté, des années après. 
Tout le reste. Les lieux, les gens, les sentiments. 

Anonyme, glissant dans les rues, dans la secrète épaisseur des choses, je me suis délectée de la ville en feuilleté. 

#109 - Une bribe de tristesse enfantine.

La bouche se tord, parce qu'il n'y personne, à ce moment là. Pas de bras. Et que le chocolat ne suffit pas.
L'orage gronde.
Il ne va pas tarder à pleuvoir.

Elle le sait, que ça passera. Que demain, il fera plus clair. Et qu'il faut que les orages éclatent.

Mais la bouche se tord quand même. C'est une tristesse de petite fille perdue. Une peur d'enfant.
Elle le sait que ça passera.
N'est-ce pas ?

#108 - Une bribe à la croisée d'Ubu et de Kafka

C'est la procédure.
Et ça se suit les procédures.
Ca se respecte.
Les lignes de code sont des lignes rouges, on ne les franchit pas.
Rubicon.
Ca se respecte.
Jusqu'au ridicule, ça se respecte, la conduite.
Jusqu'à l'absurde, le logiciel.

Mais non madame.
Peu importe s'il y a une demande et une offre, tout à fait accordées
Et si la situation est simple sur le papier
Même pour l'esprit
Le logiciel a dit que ce n'était pas logique. Et il n'y a plus de raison que la logique logicielle.
Sa procédure, on la respecte.
On la suit.
Le logciel administre.
Désolé, Madame.
On ne peut pas saisir, dans le formulaire.
On ne peut pas saisir.
Voilà, qu'on ne peut plus penser en dehors de ces fichues formules.
De ces aires ben délimitées.
La situation est simple, pourtant. Enfantine.
Comme un cube à glisser dans un espace carré.

Mais le formulaire ne voit que des morceaux du carré. Pour lui, ça ne rentre pas.
Alors, vous ne rentrerez pas.
Désolé Madame.
On fait de notre mieux mais c'est le logiciel, la procédure, le code.
Ca se respecte.
Et les gens, alors, est-ce qu'on les ...  ?


samedi 3 septembre 2016