vendredi 26 août 2016

#106 - Une bribe d'hérédité

Combien de jeux de mots pouvez-vous faire à partir de "tapir" ? 

Combien de parties de cartes enchaînez-vous quand il fait bien trop chaud pour se promener ? 

Combien de kilomètres voulez-vous rouler avec ceux que vous aimez ? 

Combien de débats pouvez-vous lancer dans une journée ? 

Combien de chansons quand vous prenez la clé des champs ? Combien d'airs entonnés, même quand la mémoire fait des trous et des faux ? 




Chez nous, beaucoup. 


#105 - Une bribe de volupté

Dans cette soirée fabuleuse, A. dit soudain :

"Des voluptés, s'il vous plait. Sans filtre".


Nouvelle devise ? 

#104 - Une bribe de cette heure du jour

Il y a une heure, quand on roule dans la journée, où on met ses lunettes de soleil et où on allume les feux de croisement en même temps.

Ça me réjouit étrangement.

jeudi 18 août 2016

#103 - Une bribe de grand écart.

Rien ne concorde.
Les échelles s'emmêlent les barreaux, les couleurs du jour s'emmêlent les pinceaux. Et tout tient dans le cadre, peut-être parce qu'il est grand. Ou parce qu'il est souple.

Il y a le fracas des nouvelles qui s'ammonscellent, et le "monde qui s'effondre sur le monde" - pour reprendre la formule de Bobin - et les coups que ça donne, et les trouilles que ça fiche, comme des pointes dans la peau en ne sachant jamais tout à fait bien ce que ça transperce derrière.
Il y a en même temps la conscience du privilège que c'est, d'être médusé encore des attaques qui se succèdent quand il est des vies dont c'est le quotidien.
Il y a tout ce qui s'emmêle derrière, les lassitudes, les chocs, les colères, les insurrections, les grands silences - au fond, que dire - les abasourdissements et les gens que l'on rattache à des lieux.
Il y a le Pessimisme. On s'était déjà rencontrés, mais il me fait l'impression d'être plus grand, dans sa cape d'amertume, et les éteignoirs à bougies qu'il trimballe à sa hanche. Aucune lueur - ça marche bien - dans les postes de télévision, les lieux de pouvoir. La bêtise succède à la bêtise et on ne sait plus où donner de la tête, ni comment fermer les paupières.
On pense au peu qu'on connaît du Qohelet, que "buée de buées, tout est buée" (trad. Meschonic). Vanité.
Ce sentiment d'insignifiance individuelle finalement partagé. Qui être et que faire ? Face à. Devant.


Pourtant, il y a dans le même temps la légèreté, la joie, l'amour et la beauté qui se pincent en courant dans les jours simples. Il y a des rires, des tables, des livres, des discussions sur nos folies cachées et la vie de la peau, il y a l'air, le vin sur les lèvres et les chansons qui gonflent dans les poumons. Il y a des spectacles de théâtre qui viennent nous chercher. Il y a les souffles endormis, rue de l'Ambroisie. Il y a la chance, bon sang, la beauté et la gaieté au milieu de tout ce qui reste à combattre ou à régler. Il y a les routes ouvertes devant moi. "Privilégiée !" Je sais.

Alors, entre le quotidien et l'international, entre l'été et l'année, il faut faire le grand écart. J'hésite à écrire parfois, "vanité !" , et plus souvent à poster. Parce que je ne sais pas parler de ce monde qui vient cogner. Que je ne voudrais pas me forcer à dire des conneries juste pour montrer que c'est présent.

Ne m'en veuillez donc pas si je continue de faire le grand écart, de ne parler que d'un aspect infime des choses, de la vie, de la mienne. Je crois toujours qu'il y a les sujets - limités- sur lesquels je peux écrire et tous les autres sur lesquels il faut avant tout que je lise.