dimanche 21 février 2016

#26 - Une bribe de progrès

Au début, il palpite un peu, le regard. Il ne sait pas où se poser, sur quoi. Les coins des lèvres s'écartent de manière un peu forcée, on entendrait presque grincer les rouages. La bise à chaque invité, chaque visage inconnu et tellement d'appréhension que les prénoms glissent à peine à la surface de l'oreille. Toujours le sourire remonté à la clé, et sans doute un regard un peu désespéré.
Cela fait longtemps qu'il n'y avait pas eu une soirée avec autant d'inconnus. Ces soirées de l'angoisse où les hôtes virevoltent comme ils peuvent, des verres au buffet, avec un mot pour chacun et la musique à baisser, et où chaque incursion dans une discussion semblait maladroite. Prière de ne pas déranger. 
L'angoisse telle qu'il avait fallu prendre la décision d'arrêter d'y aller. Comme on arrête de boire après un ulcère. Comme on finit par rester au lit pour se soigner. 

Ce soir, il y a eu une petite hésitation, avant de fermer la porte derrière soi. Et puis il faisait froid. Mais un doigt a poussé sur le dos, mine de rien, en disant qu'on pouvait aller. Que ça allait aller.

Au début, le regard était un peu hésitant tandis que le nom est lancé à la cantonade. 
Quatre heures plus tard, nous parlons de voyages, des lieux qui nous ont ébouriffés. des livres qui réconcilient avec la lecture avec S., H. et C. Et puis, G. explique qu'il est originaire de ce lieu là. Il en parle avec tendresse, hésitation et force à la fois. La découverte ou l'ignorance. Ca a du sens.

En repartant, c'est "au revoir" qui se lance à la cantonade. Les lèvres s'écartent dans un dernier rire, tout ce qu'il y a de plus sincère. 

Couper les fils du corset, encore. Se dire qu'ils seront parfait pour tricoter des poèmes au point de croix, en respirant le large.

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