dimanche 14 février 2016

#19 Une bribe de parenthèses

Mettre des parenthèses autour des mots, trop.
C'est comme pour dire qu'au fond ça ne compte pas tant, ces mots écrits vers vous. C'est comme utiliser une police plus petite. 

Les mots entre parenthèses semblent prendre un peu moins de place. Ils sont à part. Ils s'excusent presque de déranger. 

Les parenthèses, elles font comme un corset. 
Elles nous dupent, avec leur air bombé, leur air concave, convexe, leur arrondi. Mais il s'agit bien de limiter, d'encadrer. De ne pas laisser la pause déborder. Une petite précision, même pas une note de bas de page. 

On dirait des paupières fermées. 

Parfois, pourtant, je les repousse des deux mains, en faisant des phrases de dix lignes. Ou en les enchaînant, ces parenthèses, jusqu'à ce que leur présence n'ait plus de sens. Mais elles sont là, quand même, inévitables sur le clavier. 

Mettre des parenthèses, comme on éviterait les couleurs franches. Comme s'il ne fallait pas que ça tranche.
Finalement, ces parenthèses sont en accord avec le noir qu'on porte pour faire oublier qu'on a un corps. 

S'astreindre à se délier.
Forcer les parenthèses à s'envoler. 


Écrire entre tirets. Nouveaux corsets. 
Tout recommencer.


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